Vous savez sans doute que le Synode de l’EERV a voté de nouvelles dispositions à propos des Rameaux ; en gros, remettre dans le cadre de cette fête des démarches plus prononcées de la foi ; je veux parler du baptême et de la confirmation. Grand retour de la confirmation en d’autres termes, mais était-elle vraiment partie ?
Non seulement elle n’est pas sortie de la tête des gens qui viennent aux Rameaux se réjouir avec leurs jeunes, mais elle n’est pas sortie non plus de la tête des ministres qui vivaient lors du culte des Rameaux, une sorte de confirmation. Au fond, les ministres, en bénissant leurs catéchumènes ne leur disaient pas simplement qu’ils venaient de vivre un parcours sympas avec des copains, mais les « confirmaient » dans le sens objectif du terme, à savoir qu’ils confirmaient, au nom de l’Eglise, la démarche du catéchumène.
Force est de constater qu’à une bénédiction définit comme une « fin d’un parcours » s’adjoignait un élément autre, à savoir qu’une Eglise « confirmait » une démarche, une quête spirituelle. Or je crois assez fondamental de bien être conscient de cet état de fait ; à savoir que théologiquement parlant, la confirmation dite objective, était toujours là sous forme de cette bénédiction administrée personnellement à chacun des catéchumènes.
Aussi, lorsque le Synode réintroduit la confirmation dans le cadre de la fête des Rameaux, il prend soin de la définir, mais en choisissant le pôle subjectif, je cite :
« En accord avec la grande majorité des Eglises chrétiennes, le Conseil synodal propose que le mot « confirmation » (Taufbestätigung) désigne clairement le rite par lequel une personne s’approprie les engagements de son baptême » (p. 20 du rapport du cs en date des 18 et 19 février 2011).
Mais peut-on dire qu’en définissant la confirmation comme un acte de foi subjectif qu’il met derechef à la poubelle la dimension objective de la confirmation, qui ont vient de le voir, n’a pas pu être évacuée de la fête des Rameaux ?
L’exécutif de notre Eglise répond oui à cette question, le Synode ne va pas aussi loin et les praticiens disent non… D’où le problème….
L’exécutif dit oui en prêchant (pêchant) le mieux au lieu du bien, c’est-à-dire en recommandant aux praticiens d’appliquer l’article 271 du Règlement ecclésiastique d’une façon bien précise. Que dit cet article ?
« Le culte de fin de catéchisme comporte les éléments liturgiques suivants, de manière clairement distincte : a) échos du parcours catéchétique, bilan ou déclarations des catéchumènes, rappel de l’amour de Dieu, bénédiction, invitation à poursuivre la quête spirituelle; b) baptêmes et confirmations. »
Et pour le Cs, procéder d’une manière clairement distinct, c’est passer entre autre et pour la bénédiction des catéchumène par les précisions suivantes :
« Le culte de fin de catéchisme comporte, en principe, les éléments suivants, dans cet ordre :
a. Salutation et invocation
b. Louange
c. Echos du parcours catéchétique
• Echos du parcours catéchétique vécu par les catéchumènes
• Déclaration personnelle des catéchumènes et quittance de l’officiant par
l’adresse personnelle d’un verset biblique
d. Bénédiction collective (c’est moi qui souligne) des catéchumènes. » (p. 16 de la Directive du Conseil synodal sur les cultes, fêtes chrétiennes, sacrements et autres rites au sein de l’EERV en date du 20 septembre 2011)
Inviter les praticiens à bénir collectivement les catéchumènes les empêchent de vivre, pas simplement un moment intenses avec eux, mais les empêchent de vivre cette dimension objective de la confirmation.
Pour le Synode, les choses ne sont évidemment pas aussi précises et nul ne peut se prévaloir de son autorité pour dire qu’il irait dans ce sens. Ce qui me semble intéressant de noter de ce point de vue là, c’est que le rapport du cs, présenté au Synode de février 2011 déclare au contraire au chapitre 17. Règlement ecclésiastique, révision de février 2011 en page 51, au point b (ouf!) qu’il y a bénédiction individuelle de chaque catéchumène… Vous me direz mais c’était parce qu’à l’époque, le Cs défendait un autre dispositif que celui que nous avons (la solution du cs était de préciser l’ancien dispositif avec l’introduction de la confirmation à l’alliance) et que par conséquent, avoir une bénédiction individuelle aux Rameaux ne gênait pas. Ce constat me permet simplement de souligner que la dimension « objective » de la confirmation ne posent au fond pas de problèmes.
Par conséquent, je ne pense pas que le choix du Synode d’avoir des Rameaux avec une confirmation définit comme étant subjective consistait à faire la peau de cette dimension objective de la confirmation.
Quant aux praticiens, la pilule est forcément difficile à avaler car se réjouissant de retrouver un dispositif plus complet, il se retrouve avec cette Directive en fait à séquencer le déroulement du culte uniquement par pur souci de faire au mieux…
Qui disait que l’enfer est pavé de bonnes intensions ? Et oui mon cher René-Baptiste et mon cher Armin, c’est je crois, une fois encore ce souci qui nous conduit là ou nous sommes aujourd’hui avec je vous le confesse des inquiétudes :
- la mise en place de deux fronts : l’autorité d’un côté à vouloir défendre une cohérence et le terrain à en défendre une autre et donc une bipolarisation de la situation
- L’évacuation de l’intermédiaire, de l’espace de rencontre, du dialogue, de la solution qui permettent aux uns et aux autre de s’y retrouver
- la perte de la dimension théologiques à propos de cette question fondamentale de l’accompagnement des jeunes aujourd’hui
- La perte d’une résolution win – win puisqu’il faudra un perdant. Or quand on sait qu’il n’y a jamais de gagnant, lorsqu’il y a un perdant…
Voilà pourquoi au fond on en finit jamais de ramer aux Rameaux.
GGL 2012