Que faire de l’objectivité de la confirmation ?

D’abord c’est Dieu qui confirme …

Quoi, pour qui ?

Tout, Dieu pour toi, cherE catéchumène …

Comment ?

D’une manière inconditionnelle ! Rien à confirmer de ta part, tout à recevoir …

Passivité (selon Merleau-Ponty, « Gelassenheit ») pour des jeunes dans un monde où tout est combat, mérite, concurrence …

Je te le remets … tu es libre d’en faire ce que tu crois juste … tu es même libre de confirmer, mais c’est facultatif, et si tu ne le fais pas, cela ne change rien dans l’attitude de Dieu à ton égard, parce que Dieu ne demande même pas la foi comme oeuvre (sola fide, c’est une grâce) …

C’est ainsi que tu lui appartiens, ce qui te rend libre (parce qu’ainsi tu n’appartiens à aucune autre instance, même et surtout pas à l’Eglise), et c’est ainsi qu’il t’accorde la sainteté ; dommage seulement si tu n’en fais rien (parabole des talents) …

Dieu pour toi, pas pour tous, donc bénédiction individuelle, sauf pour ceux qui ne la supportent pas …

ce qui ne m’est jamais arrivé dans ma carrière de confirmant de confirmands (c’est ça, notre fonction) … cf. l’allemand « Konfirmanden », gérondif, des jeunes à confirmer, à bénir (« Einsegnung »).

La liberté des ministres ? Non, je leur demanderais de confirmer cela …

AFK 2012

Vous savez sans doute que le Synode de l’EERV a voté de nouvelles dispositions à propos des Rameaux ; en gros, remettre dans le cadre de cette fête des démarches plus prononcées de la foi ; je veux parler du baptême et de la confirmation. Grand retour de la confirmation en d’autres termes, mais était-elle vraiment partie ?

Non seulement elle n’est pas sortie de la tête des gens qui viennent aux Rameaux se réjouir avec leurs jeunes, mais elle n’est pas sortie non plus de la tête des ministres qui vivaient lors du culte des Rameaux, une sorte de confirmation. Au fond, les ministres, en bénissant leurs catéchumènes ne leur disaient pas simplement qu’ils venaient de vivre un parcours sympas avec des copains, mais les « confirmaient » dans le sens objectif du terme, à savoir qu’ils confirmaient, au nom de l’Eglise, la démarche du catéchumène.

Force est de constater qu’à une bénédiction définit comme une « fin d’un parcours » s’adjoignait un élément autre, à savoir qu’une Eglise « confirmait » une démarche, une quête spirituelle. Or je crois assez fondamental de bien être conscient de cet état de fait ; à savoir que théologiquement parlant, la confirmation dite objective, était toujours là sous forme de cette bénédiction administrée personnellement à chacun des catéchumènes.

Aussi, lorsque le Synode réintroduit la confirmation dans le cadre de la fête des Rameaux, il prend soin de la définir, mais en choisissant le pôle subjectif, je cite :

« En accord avec la grande majorité des Eglises chrétiennes, le Conseil synodal propose que le mot « confirmation » (Taufbestätigung) désigne clairement le rite par lequel une personne s’approprie les engagements de son baptême » (p. 20 du rapport du cs en date des 18 et 19 février 2011).

Mais peut-on dire qu’en définissant la confirmation comme un acte de foi subjectif qu’il met derechef à la poubelle la dimension objective de la confirmation, qui ont vient de le voir, n’a pas pu être évacuée de la fête des Rameaux ?

L’exécutif de notre Eglise répond oui à cette question, le Synode ne va pas aussi loin et les praticiens disent non… D’où le problème….

L’exécutif dit oui en prêchant (pêchant) le mieux au lieu du bien, c’est-à-dire en recommandant aux praticiens d’appliquer l’article 271 du Règlement ecclésiastique d’une façon bien précise. Que dit cet article ?

« Le culte de fin de catéchisme comporte les éléments liturgiques suivants, de manière clairement distincte : a) échos du parcours catéchétique, bilan ou déclarations des catéchumènes, rappel de l’amour de Dieu, bénédiction, invitation à poursuivre la quête spirituelle; b) baptêmes et confirmations. »

Et pour le Cs, procéder d’une manière clairement distinct, c’est passer entre autre et pour la bénédiction des catéchumène par les précisions suivantes :

« Le culte de fin de catéchisme comporte, en principe, les éléments suivants, dans cet ordre :
a. Salutation et invocation
b. Louange
c. Echos du parcours catéchétique
• Echos du parcours catéchétique vécu par les catéchumènes
• Déclaration personnelle des catéchumènes et quittance de l’officiant par
l’adresse personnelle d’un verset biblique
d. Bénédiction collective (c’est moi qui souligne) des catéchumènes. » (p. 16 de la Directive du Conseil synodal sur les cultes, fêtes chrétiennes, sacrements et autres rites au sein de l’EERV en date du 20 septembre 2011)

Inviter les praticiens à bénir collectivement les catéchumènes les empêchent de vivre, pas simplement un moment intenses avec eux, mais les empêchent de vivre cette dimension objective de la confirmation.

Pour le Synode, les choses ne sont évidemment pas aussi précises et nul ne peut se prévaloir de son autorité pour dire qu’il irait dans ce sens. Ce qui me semble intéressant de noter de ce point de vue là, c’est que le rapport du cs, présenté au Synode de février 2011 déclare au contraire au chapitre 17. Règlement ecclésiastique, révision de février 2011 en page 51, au point b (ouf!) qu’il y a bénédiction individuelle de chaque catéchumène…  Vous me direz mais c’était parce qu’à l’époque,  le Cs défendait un autre dispositif que celui que nous avons (la solution du cs était de préciser  l’ancien dispositif avec l’introduction de la confirmation à l’alliance) et que par conséquent, avoir une bénédiction individuelle aux Rameaux ne gênait pas. Ce constat me permet simplement de souligner que la dimension « objective » de la confirmation ne posent au fond pas de problèmes.

Par conséquent, je ne pense pas que le choix du Synode d’avoir des Rameaux avec une confirmation définit comme étant subjective consistait à faire la peau de cette dimension objective de la confirmation.

Quant aux praticiens, la pilule est forcément difficile à avaler car se réjouissant de retrouver un dispositif plus complet, il se retrouve avec cette Directive en fait à séquencer le déroulement du culte uniquement par pur souci de faire au mieux…

Qui disait que l’enfer est pavé de bonnes intensions ? Et oui mon cher René-Baptiste et mon cher Armin, c’est je crois, une fois encore ce souci qui nous conduit là ou nous sommes aujourd’hui avec je vous le confesse des inquiétudes :

  • la mise en place de deux fronts : l’autorité d’un côté à vouloir défendre une cohérence et le terrain à en défendre une autre et donc une bipolarisation de la situation
  • L’évacuation de l’intermédiaire, de l’espace de rencontre, du dialogue, de la solution qui permettent aux uns et aux autre de s’y retrouver
  • la perte de la dimension théologiques à propos de cette question fondamentale de l’accompagnement des jeunes aujourd’hui
  • La perte d’une résolution win – win puisqu’il faudra un perdant. Or quand on sait qu’il n’y a jamais de gagnant, lorsqu’il y a un perdant…

Voilà pourquoi au fond on en finit jamais de ramer aux Rameaux.

GGL 2012

La loi, en soi, n’éduque pas.

Ce n’est que le sens de la loi, sa finalité, qui le fait.

RBD 2011

Pour moi, procédure n’est pas processus même si ce deux vocables ont une paternité étymologique commune ; à savoir une association de pro (au sens de « vers l’avant ») et de cedere (aller, marcher). Nous avons par conséquent, l’idée de « marcher en avant. »

C’est sans doute parce que la « marche en avant » peut se décliner de multiples façons que nous arrivons in fine à des résultats, à des concepts et à des façons différentes d’envisager la vie. Pour les deux termes qui nous occupent, nous aurions deux dynamiques différentes:

  • celle qui se concentre sur l’activité en cours, le processus
  • celle qui vise à une marche à suivre, la procédure.

Dans la première acceptation, nous sommes dans une idée de progrès, d’évolution et d’invention pour qui cette dernière est « progrès d’une pensée qui change au fur et à mesure qu’elle prend corps. C’est un processus vital, quelque chose comme la maturation d’une idée. » (Henri Bergson, L’idée créatrice)

Dans la seconde acceptation, on répond en général à des impératifs qu’il faut suivre et qui ne sont pas discutables, d’où le problème (ainsi, on parle de procédure de sécurité ou de procédure administrative). Voilà sans doute pourquoi, les auteurs s’en donnent à coeur joie ! Ainsi pour Ambrose Bierce (journaliste américain du temps de la guerre de Sécession) la procédure « est une machine dans laquelle vous entrez tel un cochon et dont vous ressortez comme une saucisse. »

Si dogmatisme, il y a, on saura où il se trouve, ne dit-on pas en bonne théologie que le Saint-Esprit procède du Père (et du Fils).

GGL

Les procédures, donc les dogmes, nous disent comment faire quand on ne veut pas réfléchir.

RBD 2011

Les institutions sociales sont souvent complices de l’exclusion. Elles s’occupent de ceux qui sont exclus. Et mieux font-elles leur travail, plus complices elles sont.

Pire encore pour les églises et les aumôneries : à l’intérieur des institutions, donc de l’univers des exclus, elles s’occupent des exclus, alors des exclus parmi les exclus.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle toutes les forces à l’œuvre, dans la société et les institutions qui reçoivent les exclus de la société, poussent les aumôniers à se limiter au religieux et à la pastorale individuelle, à accompagner les exclus parmi les exclus, sans faire de bruit. Pourtant, le religieux n’est pas toujours évangélique et il contredit facilement le prophétique.

Prenant les ministères du Christ : rois nous ne sommes plus, heureusement, prêtres encore, même les pasteurs, prophètes nous devrions être, ou (re)devenir.

Partout où l’exclusion est discrimination nous devons la dénoncer.

AFK 2011

C’est toujours la même chose…

C’est l’objectif qui compte ! A tel point qu’on ne se préoccupe plus de savoir comment on y arrive. Or si nous avons les yeux fixés sur la finalité, nous les fermerons sur les sentiers que nous utiliserons.

Et pourtant ceux-ci doivent faire l’objet de toute notre attention. Nous ne disons pas la même chose si nous décidons de nous rendre à Jérusalem, en train, en avion ou à pied…

Le processus, la façon de faire, les moyens que nous employons sont autrement plus importants que le moment où nous serons arrivés.

Si le processus me stimule plus c’est aussi parce que lorsque je suis arrivé, je m’ennuie…

RBD 2011

Traiter la question de l’ultime et étudier comment la question de l’ultime est traitée sont deux choses totalement différentes, peut-être incompatibles.

Nous sommes peut-être tous chrétiens, mais nous n’avons pas forcément le même Dieu.